BRUXELLES, 6 oct 2008 (AFP)
Jacques Brel, le ""Flamand"" de Bruxelles devenu héraut de la chanson française en montant à Paris l'âge de 24 ans, a entretenu jusqu'à sa mort, le 9 octobre 1978, une relation d'amour-haine avec son ""Plat Pays"" natal.
""J'aime les Belges. D'abord, je suis Belge"", lance Brel, interrogé à de nombreuses reprises sur sa ""belgitude"" tout au long de sa prodigieuse carrière.
Comme si son accent rugueux --qu'il s'efforce d'effacer-- et les thèmes de ses chansons --la brume, la bière, le ciel ""si bas"" et la mesquinerie de la bourgeoisie-- laissaient planer le moindre doute sur ses origines.
Un florilège de ses déclarations, parfois à l'emporte-pièce --mais la prudence ""le fait suer"", dit-il-- est à la base d'un DVD publié par les éditions Jacques Brel et d'une petite exposition à Bruxelles.
Entre l'artiste et sa terre d'origine, la relation est complexe, faite de nombreuses incompréhensions et dont les soubresauts reflètent les divisions entre Flamands et francophones qui ébranlent, déjà, l'unité du royaume.
D'un côté, la Belgique, ""ça n'existe pas"". Mais c'est aussi un ""pays fantastique"", jure-t-il, lui qui appréciait tant les peintres surréalistes comme Delvaux et Magritte.
Si Brel naît à Bruxelles le 8 avril 1929 dans la commune bruxelloise de Schaerbeek et qu'il parle essentiellement le français, il se définit néanmoins comme ""Flamand"".
Son père était originaire de Menin, une ville flamande proche de la frontière française, et Brel revendiquera cette appartenance à la Flandre, même si peu de Flamands le considèrent comme des leurs.
""Je suis Flamand, je suis de caractère flamand, je débloque comme un Flamand"", assène-t-il.
""La manière dont j'ai été élevé était plus flamande que française.
J'ai été élevé avec un tas de mots flamands"", ajoute-t-il, en reconnaissant toutefois qu'il ""connaît fort mal la langue flamande"".
Cette conviction d'être flamand devient une évidence lorsqu'il monte à Paris à l'âge de 24 ans et qu'il se rend compte qu'il ""n'est pas Français"".
Dans l'oeuvre de Brel, la Wallonie, la région francophone de Belgique, est pratiquement absente. Et la chanson ""Il neige sur Liège"", qui tente de combler cette lacune, est l'une de celles dont il était le moins satisfait.
La Flandre et les Flamands, en revanche, constituent la trame de son répertoire, avec tout de même des incursions aux Pays-Bas (""Amsterdam"") ou à Bruxelles.
Mais dès ""Les Flamandes"", en 1952, où l'auteur-compositeur-interprète reproche à ses compatriotes de ""trop s'occuper du pognon et des enfants et pas assez de leur mari"", l'incompréhension et les reproches réciproques s'installent.
Jacques Brel, qui n'est plus le bienvenu en Flandre, expliquait avoir eu la ""faiblesse de penser que les gens avaient de l'humour"".
Vingt ans plus tard, le chanteur, bien que ""plus vraiment Belge"", continue à s'impliquer dans le débat belge depuis sa retraite aux îles Marquises.
Brel ne supporte pas que les francophones aient été chassés en 1968 de l'université de Louvain, située en Flandre, lui qui estime avoir le droit ""en tant que Flamand"" de choisir de s'exprimer en français.
Sur son dernier album, en 1977, il dédie aux extrémistes de la cause néerlandophone un ultime brûlot, les ""F..."" (les Flamingants), dans lequel, entre autres amabilités, il leur ""interdit d'obliger nos enfants, qui ne vous ont rien fait, à aboyer flamand"".
Mais Brel considère aussi que la Belgique ""vaut mieux qu'une querelle linguistique"". ""Si j'étais le roi, j'enverrais les Wallons vivre six mois chez des Flamands, et inversement"", propose-t-il.
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2 commentaires:
Jacques BREL a bercé ma jeunesse...J'avais tous ces disques, à l'époque où possèder un disque était un exploit et coutait une fortune!
Aucun chanteur ne peut l'égaler, dans sa sincérité, son amour pour les mots, son respect du public...
Un seul bémol...Comme père et comme mari, il n'a pas été le même que comme artiste ...Mais nuln'est parfait!
قبلاتي
بلوزوومن
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